30 août 2015

Maya - La danse des abeilles

ANNE KALICKY, "Maya; tome 5: la danse des abeilles", Paris: Albin Michel, 2013

Chère Anne,

Votre nom n'apparaît pas sur la couverture de vos ouvrages merveilleux narrant avec panache les aventures de Maya l'abeille mais je me suis renseigné et je sais maintenant que c'est à vous que l'on doit cette superbe collection.
Je me présente: Docteur Gopedi, pédagogue et spécialiste de l'enfance. Si je me permets de vous écrire, c'est avant tout en cette qualité de professionnel afin de vous mettre en garde. Vos ouvrages ont beau être des exemples pour les livres jeunesse, il n'en demeure pas moins qu'ils peuvent créer quelques problèmes d'ordre psychologique chez nos petites têtes blondes.
En effet, plusieurs de mes très jeunes patientes ont ainsi adopté Maya comme amie imaginaire. J'ai bien peur que ce personnage nuise sérieusement à leur besoin croissant de relations sociales. Par conséquent — et très concrètement — je vous demande de prendre en considération ce souci et de commencer vos futurs ouvrages par une mise en garde à l'attention des petites filles fragiles. Il faudrait que vous y mentionniez clairement que Maya n'est qu'un personnage, qu'elle n'existe pas et qu'il vaut mieux se faire de véritables amies. Sinon, après la prise de conscience, ces enfants risque de souffrir.
Vous pourriez prendre exemple sur un discours simple que j'ai récemment tenu à Mélanie, une de mes patientes, que je vous retransmets à titre indicatif:

"Ecoute, Mélanie, lui ai-je dit. Je dois t'expliquer quelque chose. Je comprends bien pourquoi tu aimes imaginer Maya près de toi. Déjà, c'est gai d'être toujours en compagnie d'une bonne amie. Et puis, je me doute aussi que tu imagines une présence rassurante parce que tu n'arrives pas à te faire de vraies copines, parce que les autres petites filles te rejettent. Mais tu sais, il y a toujours une raison à ça. Sûrement n'es-tu pas comme elles: elles te trouvent sans doute trop grosse, trop laide, très bête ou très pauvre... ou tout ça à la fois, même. Comment pourrait-on les en blâmer?  En tout cas, ne t'inquiète pas! Il existe plein de gens comme toi qui sont vus comme des rebuts de l'humanité. Un jour, vous vous retrouverez et vous pourrez faire plein de chouettes choses ensemble: bricoler des masques rigolos pour cacher vos vilains visages, créer un club de joyeux obèses et plein d'autres trucs amusants! C'est donc très important que tu prennes ton mal en patience et que tu ne t'enfermes pas dans tes rêves, Mélanie. Trouve de vraies amies. En plus, tu sais, les abeilles ont une espérance de vie de quelques mois seulement. Donc, si tu forces Maya à vivre près de toi, bientôt elle va mourir devant tes yeux et ce sera de ta faute parce que tu ne l'auras pas laissée rentrer dans sa ruche. C'est ce qu'on appelle la "séquestration", Mélanie, et c'est très grave! Tu ne veux pas être vilaine, grosse, bête, et en plus finir en prison, quand même? HEIN? Bon..."

Voilà, chère Anne. Comme quoi, avec un minimum de pédagogie, on peut éviter de blesser ou choquer les enfants. A vous de jouer.

Marcello Gopedi (de Chimay)

23 août 2015

Si vous avez aimé "Chroniques en Thalys"

Si vous avez aimé "Chroniques en Thalys" de ALEX VIZOREK...




...vous aimerez peut-être:

"Chroniques en train IC 1190" d'ALEX TINXION DES PHEUX


FCL a pris l'habitude de dénicher les perles de la littérature (davantage de notre ressort que celles de l'ostréiculture) et, une fois encore, nos lecteurs ne vont pas être déçus.
Après les plaisantes Chroniques d'Alex Vizorek, les amateurs de belles lettres et d'ingénierie ferroviaire auront à coeur de se tourner vers le fabuleux ouvrage d'Alex Tinxion des Pheux. Celui-ci raconte en toute simplicité ses voyages dans le train qui l'emmène quotidiennement de Bruges à Liège, avec tous les rebondissements haletants que cela comprend. Le récit s'étend ainsi sur un petit millier de pages, dont voici l'un des passages les plus prenants:

"J'arrive dans la gare. Mon train a du retard. Ca m'agace un peu, mais bon. Je m'installe dans la salle d'attente. Malgré l'interdiction, mon voisin de siège fume comme une locomotive. Je tousse. Mais ma gorge gratte encore, alors je tousse une deuxième fois. Y en aura-t-il une troisième? Ha ben non.
Je m'ennuie. Alors je pense à mon existence. Je me demande pourquoi ai-je l'impression qu'elle m'a laissé sur le quai. Mais je compte bien la remettre sur les rails. Trouver un nouveau train de vie, quoi. Je crois qu'il est de mon devoir de... ha mon gsm sonne. En voilà une surprise. Je croyais que la batterie était plate. He ben non. Bon, je vais aller me chercher une part de pizza."

L'éditeur Kero-Zen tient à rappeler à tous les fans de Tinxion des Pheux qu'une version longue du livre est prévue pour la fin d'année, amenant ainsi l'ouvrage à un total respectable de 1500 pages d'aventure. Un Red Bull Extra Energy est offert aux cent premiers acheteurs.

Les (fausses) couvertures n°4 - Funny girl

Avant qu'il ne choisisse la couverture du livre...

NICK HORNBY, "Funny Girl", Paris: Stock, 2015

... on avait proposé à l'éditeur:




Tout le monde aura bien sûr reconnu Marie Iere Tudor, reine d'Angleterre. Bien mesquinement rebaptisée Bloody Mary suite à un petit coup de sang (ha!) à l'encontre de quelques centaines de protestants, elle n'en demeurait pas moins une dame à l'humour décapent — voire décapitant — et à l'humeur festive. Après tout, ce n'est pas pour rien que son nom fut donné à l'un des cocktails les plus répandus et consommés par les nouvelles générations.
Dès lors, le premier maquettiste avait opté pour un hommage à cette personnalité enjouée qu'était Marie Tudor. L'éditeur lui a néanmoins fait remarquer que, non contente d'être désopilante, la brave monarque avait également pilé les os de pas mal de gens. Y compris sans doute quelques ancêtres dudit éditeur, d'ailleurs, ce qui explique peut-être que ce dernier ait préféré changer totalement d'optique pour la couverture du livre.
Encore un chef d'oeuvre gâché, donc. On ne lui a pas demandé son avis, mais monsieur Hornby est certainement très blessé de voir son texte assorti d'une si banale couverture définitive.

16 août 2015

Médecin de campagne, une vie

GEORGES VIEILLEDENT, "Médecin de campagne, une vie", Paris: Calmann-Lévy, 2014 


Cher Georges,

En parcourant les livres du rayon « cambrousse » de ma bibliothèque de quartier (oui, leur catalogue est très exhaustif), j’ai eu le plaisir de découvrir votre ouvrage qui, pour être tout à fait honnête, m’a beaucoup fait réfléchir à mon avenir.
En effet, j’envisageais de partir vivre à la campagne très prochainement et d’opérer un virage radical dans ma vie. Eh bien, pour être tout à fait franc, à l’instant où j’ai eu votre livre en main, j’ai senti fondre en moi le glaçage sucré de tous mes rêves d’avenir pour n’en conserver que le cœur tristement amer. Autrement dit : je ne compte plus poser un pied sur autre chose que de l’asphalte citadin.
Je ne saurais trop vous expliquer pourquoi ma réaction fut si radicale…
Tout d’abord, j’ai pensé à l’évidence et je me suis dit que mon rejet venait peut-être de votre nom. Même s’il est bien évident que vous n’en pouvez rien, il faut tout de même avouer que Georges Vieilledent, ça donne une sensation d’ennui dès la première lecture. Mais bon, passons.
Je me suis ensuite demandé si mon soudain rejet de la vie rurale ne venait pas de votre façon d’illustrer celle-ci. Enfin, je veux dire… entre le ciel gris, la nature moribonde, les clôtures à deux doigts de l’effondrement et l’absence totale de toute forme de vie animale, le cadre dans lequel vous vous promenez sur cette couverture semble être l’exact moyen terme entre la campagne et un sordide cimetière abandonné. Mais soit, passons encore.
Ensuite, ce serait mentir que de nier avoir aussi envisagé l’hypothèse de votre propre personne. Loin de moi l’idée de critiquer l’apparence des gens mais… enfin… Georges, sur toutes vos photos, pourquoi avoir choisi celle où vous semblez vous diriger d’un pas résigné vers une mort certaine ? Sans blague, si je voyais arriver un médecin à mon chevet avec cette expression qui est la vôtre, je le prierais de m’euthanasier avant même de m’asséner son diagnostic.
Au final, j’ai réalisé qu’aucun de ces détails ne constituait réellement un critère de dégoût. Je veux dire, aucun individuellement, bien sûr. Ma nouvelle hantise de la campagne vient en réalité du cumul de tous ces points, encore soulignés par l’effroyable fatalisme du titre choisi pour votre livre (« Médecin de campagne, une vie », vraiment ? On vous a séquestré dans une grange pour que vous ne puissiez vraiment pas vous enfuir en quête d’un soupçon de bonheur?).
Bref, je tiens donc à vous remercier, cher Georges, de m’avoir aidé à comprendre que ma véritable ambition n’était autre que de passer ma vie en ville, entre des murs de béton armé et dans l’odeur des pots d’échappement avec le bruit des travaux pour berceuse. Afin de vous rendre la pareille, je vous enverrai très prochainement une ordonnance pour une boîte d’antidépresseurs.

Avec toute ma reconnaissance,

Aymé di Camen (Paris)


14 août 2015

Si vous aimez aimé "J'ai quitté ma paroisse"

Si vous avez aimé "J'ai quitté ma paroisse" de PIERRE BLANC...



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"J'ai quitté ma femme" et "J'ai encore quitté ma paroisse" de PIERRE BLANC

Les Presses du Chapelet ayant récemment acquis les droits des parutions de monsieur Blanc, les lecteurs seront heureux d'apprendre que le comité éditorial insiste beaucoup pour que le livre "J'ai quitté ma paroisse" soit décliné en une trilogie haletante.
FCL vous présente ici les maquettes de couverture de ces futurs ouvrages mais, aux dernières nouvelles, Pierre Blanc n'est pas encore au courant qu'il doit écrire les textes correspondants. Affaire à suivre, donc.
Les Presses du Chapelet tiennent toutefois à mettre l'eau à la bouche de tous les aficionados de l'ancien prêtre puisque l'on sait déjà qu'un coffret réunissant les trois volumes sera disponible avec, en version collector, le petit ouvrage "Savoir rester naturel sur les photos".